Jean Moiroud, président de la Fivape, a réagi sur France Info aux propositions du CNCT que la Fivape a dénoncées dans un communiqué.
franceinfo : Que représente la vente des cigarettes électroniques aromatisées dans vos commerces ?
Jean Moiroud : C’est l’essentiel des produits qu’achètent les fumeurs pour arrêter de fumer. Donc la question est très importante pour nous. Nous sommes un peu sous le choc par la demande qui a été formée par le CNCT. C’est environ 50 à 60 % des produits. Sachant que les produits d’initiation au vapotage, ceux par lesquels on s’arrache du tabac, sont en général des saveurs tabac, mais aussi mentholées. Les saveurs sont un facteur absolument capital de maintien dans la motivation. C’est un élément constitutif de l’efficacité de la démarche du vapotage qui, je le rappelle, est la méthode à la fois la plus efficace, mais aussi la plus plébiscitée par les Français pour quitter le tabac.
Est-ce que ces arômes ne concernent que les jeunes ou tous les publics ?
La question des mineurs, je la comprends et je la respecte d’autant plus que je suis un parent. Mais il faut la confronter à la réalité. Aujourd’hui, les jeunes, avec ou sans la vape, ils rentrent dans le tabac entre douze et quinze ans. Ce qui les conduit souvent à le faire, c’est la consommation de cannabis. Ça devrait être une priorité. La question des mineurs et des produits de la vape a été réglée très clairement en 2016 par le ministère de Marisol Touraine, qui a tout simplement interdit les produits du vapotage de vente aux mineurs dans les boutiques spécialisées notamment. C’est une interdiction qui est particulièrement bien respectée.
Selon le Comité national contre le tabagisme, l’arôme est le premier pas qui mène vers des produits très attrayants pour les jeunes, mais cela amène aussi à la nicotine et à l’addiction.
La question de ce prétendu effet passerelle entre la vape et le tabac, c’est un sujet avec lequel on compose depuis dix ans que nos produits existent. Cela a été totalement débunké. Il n’y a pas de corrélation statistique qui a été trouvée entre l’expérimentation des produits au vapotage, qui soit avec ou sans la nicotine, et un passage ultérieur à la cigarette électronique. J’ai une statistique très intéressante, c’est celle de la consommation de tabac chez les adolescents aux États-Unis, dans les lycées, qui est passée de 12% à 2% entre 2012 et 2022, sur fond de prétendue épidémie de consommation de nicotine. C’est une statistique qui est très intéressante à étudier et qui montre que ce n’est pas parce qu’on tire la sonnette d’alarme sur la consommation de nicotine chez les adolescents qu’il n’y a pas un effondrement concret du tabagisme chez eux.
Quelle conséquence a cette baisse de 50 à 60 % des ventes pour vos commerces ?
Ils seraient totalement menacés. Mais ce n’est pas qu’un sujet économique. C’est surtout un sujet de santé publique et de comment on cherche à aider les fumeurs à arrêter le tabac. Aujourd’hui, en France, il y a environ trois millions de personnes dont la démarche d’arrêt repose au quotidien sur les produits du vapotage. Et la majorité de ces personnes utilisent des saveurs pour arrêter de fumer. Qu’en fait-on ? On les empêche d’accéder aux produits qui les aident au quotidien ? On les renvoie au tabac sans scrupules ? Et le fait de ne laisser que des saveurs goût tabac sur le marché, ce n’est pas vraiment une stratégie payante. Comment est-ce que vous voulez éloigner les fumeurs du tabac avec la saveur même dont ils cherchent à se défaire ? Ce n’est pas sérieux. Il faut arrêter de mettre le poison et le médicament dans le même sac et laisser les professionnels du vapotage faire leur travail.