Le vapotage

Apparu au début des années 2000, le vapotage a connu à partir de 2010 un essor considérable en France et dans le monde, essentiellement lié au bouche-à-oreille par des ex-fumeurs.euses enthousiasmé.e.s.

En France, pour répondre à la demande, une filière indépendante de l’industrie du tabac et de l’industrie pharmaceutique s’est structurée et est devenue en quelques années le premier réseau français de professionnels de l’arrêt du tabac.

Véritable révolution pour la santé publique, la vape intéresse rapidement les scientifiques, les professionnels de santé et les pouvoirs publics puis, par la suite, tout “l’écosystème tabac” qu’elle bouleverse profondément : fabricants de cigarettes, buralistes, industrie pharmaceutique, lobbies antitabac, etc.

Qualifié « d’ovni » par certains observateurs, le vapotage s’est développé à une vitesse fulgurante, principalement sous l’impulsion des fumeurs eux-mêmes, qui ont découvert un nouvel outil particulièrement efficace pour arrêter de fumer. 

De par sa nouveauté, et de par sa « proximité » avec la gestuelle de la cigarette, le vapotage soulève de nombreuses questions et controverses. Un grand écart qui va du « miracle » au « nouveau danger ». Quel que soit le point de vue, tout le monde s’accorde sur le fait que le vapotage disrupte depuis maintenant près de deux décennies l’écosystème du tabac.

Rappelons que le tabagisme est la première cause de maladies et de morts évitables, ce qui représente pour la France 75 000 décès prématurés par an, 20 % de tous les cancers (80 % pour les cancers du poumon), sans oublier les maladies respiratoires et cardiovasculaires. Pour de nombreuses maladies, le tabagisme est un facteur aggravant et peut être pénalisant pour des traitements.

Comment ça marche ?

Il n’y a ni tabac ni combustion dans le vapotage. Pas de fumée, pas de goudrons, pas de monoxyde de carbone et pas la kyrielle de molécules cancérigènes qui sont les principales causes des méfaits du tabagisme. 

La vaporisation

Le principe du vapotage est très simple. Un liquide contenu dans un réservoir imbibe une mèche insérée dans une résistance qui chauffe et transforme le liquide en un aérosol aspiré par l’utilisateur. Le ressenti est proche de celui d’une cigarette fumée.

Le liquide est principalement composé d’un support diluant qui s’évapore à faible température, mélange de propylène glycol (PG) et de glycérine végétale (GV). Ces deux composés sont connus depuis des décennies, utilisés dans l’alimentation et dans l’élaboration de médicaments, y compris ceux destinés à l’inhalation. Ces bases, essentielles à la vaporisation, sont « neutres », c’est-à-dire sans goût. Des arômes peuvent être ajoutés, ce qui améliore considérablement l’expérience. Le liquide peut aussi contenir de la nicotine, composant clé du succès du vapotage en tant qu’outil d’aide à l’arrêt du tabac.

La nicotine

“People smoke for nicotine but they die from the tar – Les gens fument pour la nicotine mais meurent à cause du goudron” – Michaël Russel (1932-2009).

La nicotine ne tue pas et ne provoque pas de maladies. Elle est utilisée dans les substituts nicotiniques depuis des décennies. Son défaut est d’être addictive, particulièrement lorsqu’elle est fumée. Les traitements de substitution sous forme de médicaments sont reconnus en France depuis 1992, car ils permettent de consommer de la nicotine sans fumer et donc d’éviter le manque et le « craving » (envie irrépressible de fumer).

Le vapotage est donc une nouvelle forme de substitution au tabac, qui apporte non seulement de la nicotine, mais aussi les sensations et le geste, ainsi qu’une certaine forme de plaisir, notamment grâce aux arômes. Tous ces paramètres sont ajustables pour que chaque usager trouve son confort et maximise ses chances d’arrêter de fumer.

La quantité de nicotine dans les e-liquides est variable (jusqu’à 20 mg/ml, soit 2 %). En baissant le taux ou en espaçant la consommation, il est possible de viser un sevrage total, y compris de la nicotine. 

Les matériels

Il existe une quantité importante de matériels de vape. Les fabricants innovent en permanence pour proposer des produits toujours plus performants, pratiques, fiables et confortables avec une amélioration significative au fil des ans sur le rapport qualité / prix pour les consommateurs.

Il existe plusieurs « formats » d’équipements, mais ils contiennent toujours deux éléments principaux, séparables ou non : une batterie (amovible ou non) et une chambre de vaporisation qui contient le liquide et la résistance (atomiseur, clearomizer ou pod).

La plupart des dispositifs sont rechargeables en liquide et en électricité, ce sont les plus économiques et respectueux de l’environnement. Le tableau ci-dessous récapitule les différentes typologies disponibles sur le marché, avec leurs avantages et inconvénients. Il peut être difficile d’y voir clair !

Famille de matériels

Design

Type de matériel

Format / poids

Rechargeable électrique

Rechargeable en e-liquide

Puissance réglable

Possibilité pratique du DIY

Impact environnemental

Batterie + clearomizer à visser ou aimanté

Gros modèle

Oui

Flacon

Oui

Oui

Léger

Moyen modèle

Oui

Flacon

Flacon

Oui

Oui

Léger

Batterie + clearomizer type pod rechargeable

Petit modèle

Oui

Flacon

Non (mais parfois)

Oui

Très léger

Batterie + clearomizer type pod non rechargeable

Petit modèle

Oui

Cartouche

Non

Non

Fort

Puff à cartouche

Petit modèle

Oui

Cartouche

Non

Non

Fort

Puff jetable

Petit modèle

Non

Non

Non

Non

Très fort

Science

Plus de 10 000 études ont été publiées sur le vapotage. Innovant par essence, c’est sans doute l’un des domaines les plus scrutés par la science ces dernières années. Malheureusement, la qualité des protocoles et des approches scientifiques est très inégale et provoque parfois des controverses alarmistes et de la désinformation.

Grâce à certaines institutions et sociétés savantes, de nombreux travaux permettent aujourd’hui d’établir un consensus très rassurant autour des produits du vapotage, notamment en comparaison avec les dangers avérés du tabagisme.

L’intérêt des professionnels de la vape est de proposer les dispositifs les plus sûrs et les plus efficaces pour arrêter de fumer. Chez les fabricants de liquides et de cigarettes électroniques, la veille scientifique est permanente pour améliorer la qualité des produits à l’usage des consommateurs. Les commerçants spécialisés conseillent leurs clients pour les aider à adopter de bonnes pratiques et éviter les mésusages (démarrage, réglage et entretien des matériels).

Nos actus science

Arrêt du tabac

Le vapotage intéresse uniquement les fumeurs (99 % des usagers). Il s’est développé partout dans le monde et fonctionne particulièrement bien pour arrêter de fumer. Aujourd’hui, les études scientifiques, cliniques et épidémiologiques rigoureuses font consensus et confirment avec un haut niveau de certitude le rôle du vapotage dans la démarche d’arrêt du tabac de millions de personnes.

Ainsi, selon les travaux les plus récents, le vapotage est deux fois plus efficace que les substituts nicotiniques et aussi efficace que les traitements médicamenteux délivrés sur ordonnance à base de varénicline, ceux-ci n’étant néanmoins toutefois plus disponibles sur le marché depuis 2022, ou à base de cytisine, non autorisée en France.

Bénéfices / risques

Sans combustion et sans tabac, vapoter au lieu de fumer élimine tous les risques liés au tabagisme. Pour autant, vapoter ne “répare” pas les dommages causés par un passé de fumeur. Et dans l’absolu, l’idéal est de ne pas fumer, ni vapoter.

Les effets potentiellement nocifs du vapotage sont infiniment moindres que les conséquences avérées et profondément délétères du tabac. Ils se cantonnent à des irritations durant les tout premiers jours d’utilisation, lorsque la gorge porte encore les lésions dues à la fumée du tabac. De très rares cas d’allergie ont été relevés, mais le consensus scientifique est formel : le vapotage ne crée aucune maladie sérieuse semblable à celles du tabagisme comme le cancer, les maladies respiratoires ou cardiovasculaires. 

La priorité est donc avant tout de ne plus fumer, et pour cela le vapotage est une aide efficace.

  • Dr Rosemary Leonard et du Dr Lion Shahab :

Avis officiels

Comme pour les études scientifiques, les avis officiels sont de qualité très disparate, selon les commanditaires, les exécutants, les ressources et les méthodes d’évaluation. 

Dans un souci de transparence, vous trouverez ci-dessous le lien vers l’avis officiel le plus récent réalisé en France par le Haut Conseil pour la Santé publique (HCSP). Celui-ci a été très vivement questionné lors de sa publication, notamment en ce qui concerne la sélection des références scientifiques qui a écarté systématiquement les études positives, tout en référençant des études dont la qualité a été mise en doute. Certaines d’entre elles ont même été rétractées, donc invalidées. La tonalité générale de l’avis, globalement négative, laisse entendre qu’il n’y a aucune preuve que la vape puisse être une aide à l’arrêt du tabac, négligeant par là une littérature scientifique abondante et des études en population qui le confirment pourtant avec certitude (voir ci-dessus Arrêt du tabac).

Indéniablement, c’est au Royaume-Uni qu’est réalisé le suivi le plus solide des données probantes concernant le vapotage. Dès 2015, à la demande du Public Health England (équivalent de notre Direction générale de la Santé et Santé publique France), des groupes d’experts indépendants ont été chargés de rassembler les études existantes (plusieurs centaines), afin d’évaluer tous les ans les bénéfices / risques du vapotage pour les personnes et pour la santé publique. C’est lors du premier rapport en 2015 que les experts ont conclu que le vapotage est au moins 95 % moins nocif que fumer. Ce point de vue fait toujours consensus aujourd’hui dans la communauté scientifique internationale et ne cesse de se renforcer.

Réglementation

Contrairement aux idées reçues, les produits et les pratiques du vapotage sont très encadrés, d’une part par des réglementations spécifiques, et d’autre part par des règlements plus larges dus à la nature même des produits (règlements CE, CPL, REACH, voir ci-dessous : produits). Selon les cas, plusieurs organismes ont pour mission d’effectuer une surveillance et des contrôles comme l’ANSES et la DGCCRF.

Ces mesures sont rassurantes pour les consommateurs, et elles peuvent être complétées par des normes et labels volontaires auxquels adhèrent les fabricants : Certification AFNOR, ORIGINE FRANCE GARANTIE…

Produits

Plusieurs articles du code de la santé publique, règlements CE et décrets encadrent les produits du vapotage, que ce soient les e-liquides ou le matériel : classification, emballage, déclaration de toxicovigilance, normes sur les appareils électroniques, normes environnementales et recyclage, etc.

L’une des principales mesures concerne le flaconnage et l’étiquetage des e-liquides nicotinés qui ne doivent pas dépasser 10 ml et un taux de nicotine de 20 mg/ml. Elle est issue d’une directive européenne transposée en droit français en 2016.

Lieux publics

Le vapotage dans les lieux publics n’est pas soumis aux mêmes interdictions que la fumée. Ces dispositions font l’objet d’un décret qui a suivi l’avis du Conseil d’État :

Réglementation du vapotage dans les lieux publics

Publicité et promotion

Bien qu’étant l’outil d’aide à l’arrêt du tabac le plus efficace et le plus populaire, le vapotage est interdit de publicité en France. 

Cette mesure est pénalisante, car elle ne permet pas d’informer correctement les 15 millions de fumeurs français sur les bonnes pratiques, les produits et leurs origines. Par exemple, les consommateurs ne peuvent pas faire la différence entre les produits issus de la filière française indépendante et ceux de l’industrie du tabac.

Il est nécessaire de préciser également que des lobbies pourtant antitabac s’opposent au vapotage et jusqu’à intenter des procès qui ne font qu’entretenir l’amalgame entre vapoteurs et fumeurs dans l’opinion publique, et maintiennent ce contexte de communication précaire sur le vapotage, y compris lorsque les messages s’adressent clairement aux fumeurs.

Vente aux mineurs

Dès 2016, par ordonnance, la vente des produits du vapotage, e-liquides et matériels est interdite aux mineurs. 

Le vapotage en France

La France compte parmi les pays où le vapotage a rencontré un grand succès. Cela s’explique probablement par le fait que la prévalence tabagique est l’une des plus élevées d’Europe occidentale, loin devant nos voisins. La proportion de fumeurs en France est trois fois plus élevée qu’au Royaume-Uni, alors qu’elle était identique au début des années 2000. C’est également en France que s’est le plus développé le secteur d’activité tenu par des acteurs indépendants de l’industrie du tabac et qui dominent aujourd’hui largement le marché.

MERCI LA VAPE | Livre blanc

Profils des vapoteurs

Les ressources sur les usagers du vapotage sont assez faibles, car Santé publique France tarde à mettre à jour la nature et la fréquence d’indicateurs fiables sur le vapotage depuis 2017. La FIVAPE le regrette. Pour autant, il est avéré que les vapoteurs.euses sont essentiellement des fumeurs.euses ou ex-fumeurs.euses. L’entrée en vapotage sans passé tabagique est anecdotique.

La moyenne d’âge des usagers du vapotage est d’environ 42 ans, ce qui montre un historique de tabagisme de longue durée. 

Les jeunes

Malgré l’interdiction de vente aux mineurs depuis 2016, comme pour la cigarette, l’alcool et d’autres substances ou pratiques à risques, les jeunes peuvent être amenés à expérimenter le vapotage. Même si certains acteurs accusent le vapotage d’être une porte d’entrée vers le tabagisme, de nombreux travaux scientifiques démontrent le contraire.

Le mythe de l’effet passerelle

Depuis l’arrivée du vapotage en France au début des années 2010, c’est sur les tranches d’âges des plus jeunes que le tabagisme baisse le plus fortement, le plus régulièrement, et sans discontinuer. Cela questionne sur la position à adopter vis-à-vis des mineurs fumeurs et qui pourraient être intéressés par le vapotage pour sortir de leur tabagisme. Rappelons que l’âge moyen d’entrée dans le tabac se fait en moyenne entre 13 et 16 ans, posant la question bien plus urgente de l’accès aux cigarettes de tabac.

Les associations

Hormis la FIVAPE, qui représente la filière française de la vape indépendante de l’industrie du tabac, d’autres associations ont été créées par la société civile, et notamment par les consommateurs.

Voici la liste des associations qui affichent sans ambiguïté leur indépendance vis-à-vis de l’industrie du tabac et de l’industrie pharmaceutique :

Professions de santé

À titre individuel, ou par l’entremise des sociétés savantes et des associations, les professionnels de santé apparaissent divisés sur la question du vapotage.

D’une manière générale, il semble que les médecins de terrain qui font face à des patients fumeurs accueillent favorablement la vape. Certains l’intègrent pleinement dans leur démarche d’accompagnement et de sevrage.

La formation des professionnels de santé sur le vapotage est un sujet qui peine à avancer dans un climat où ceux-ci reçoivent des injonctions contradictoires des pouvoirs publics, institutions et sociétés savantes. 

Environnement

Le vapotage produit des déchets qui peuvent nuire à l’environnement, avec des capacités de recyclage à géométrie variable : batteries, électronique, plastiques, matériaux composites et souillés.

Certains formats de matériels sont plus polluants que d’autres, le pire étant les dispositifs jetables après un seul usage : puff et cartouches scellées, massivement promues par l’industrie du tabac. D’une manière générale, les produits rechargeables, dispositifs phares de la filière indépendante, ont une durée de vie beaucoup plus longue et réduisent très fortement l’impact du vapotage sur l’environnement.

Concernant les e-liquides, la réglementation qui impose des flaconnages à 10 ml au maximum pour les produits nicotinés conduit à des surconsommations largement évitables de matières plastiques (flacons et bouchons), qui seraient considérablement réduites par l’autorisation de plus grands contenants.

Les professionnels de la vape ont mis en place des programmes de recyclage pour réduire leur impact sur l’environnement : collectes en boutique et partenariats avec des organismes spécialisés.

Médias

La communication sur le vapotage est interdite, ce qui est très pénalisant pour s’adresser aux fumeurs. Les supports autorisés sont uniquement destinés aux professionnels. Il existe plusieurs magazines et, à ce jour, un seul affiche une politique d’indépendance en refusant les annonceurs de l’industrie du tabac, le Vaping Post (www.vapingpost.com).

Concernant le traitement du vapotage dans les médias grand public, il est le plus souvent teinté de sensationnalisme, ne privilégiant que des nouvelles négatives souvent infondées et rarement vérifiées. De nombreuses études scientifiques majeures, y compris celles réalisées par des institutions françaises, ne trouvent presque aucun écho dans les médias grand public. La parole est trop peu donnée aux professionnels de la vape indépendants de l’industrie du tabac.