Interdiction des puffs : une victoire pour la santé publique, l’environnement ou l’industrie du tabac ?

Catégorie FIVAPE Règlementaire

La loi interdisant les puffs est votée, elle entre en vigueur immédiatement. Cette interdiction suscite des débats quant à ses implications sur la santé publique et l’environnement, mais aussi sur l’influence de l’industrie du tabac qui a réussi à faire exempter les cartouches scellées de cette loi.

Un outil utile pour les fumeurs…

Les puffs, simples d’usage et sans recharge, sont souvent perçues comme un moyen facile pour les fumeurs de découvrir la vape, première approche avant qu’ils se dirigent vers des dispositifs de vapotage rechargeables plus responsables. À l’instar de tous les produits du vapotage, les puffs permettent de réduire ou de stopper sa consommation de tabac, avec un bénéfice immédiat pour la santé publique.

…mais désastreux pour l’environnement

Fabriquées en Chine, les puffs sont des dispositifs jetables intégrant des batteries, générant un impact environnemental négatif considérable. Pour cette raison, et comme pour tous les dispositifs à batteries jetables, leur interdiction était dores et déjà prévue par la réglementation européenne sur les batteries à échéance 202711.

Une dérive du marché

Portées par un marketing agressif, les puffs ont été détournées de l’objectif initial de la vape, l’arrêt du tabac. Des circuits de vente non spécialisés les ont propulsées en tête de gondole, proposant des puffs en libre-service à proximité des caisses, incitant à l’achat sans conseil et sans un respect rigoureux de l’interdiction de vente aux mineurs, dans le seul but de bénéficier de retours financiers sur un produit simple à marges confortables. Ces dérives commerciales ont fortement contribué à populariser les puffs auprès des jeunes, créant un effet de mode. Des associations anti-tabac se sont alors alarmées, voyant dans les puffs un risque d’initiation au tabagisme2.

Une victoire incertaine pour la santé publique

La vape : un frein au tabagisme

Depuis 2014, le vapotage a fortement contribué à une réduction massive du tabagisme en France. Toutes les données indiquent que la vape est très majoritairement utilisée pour arrêter de fumer. Et contrairement à la croyance qu’il existerait un « effet passerelle » vers la cigarette, force est de constater que le tabagisme juvénile a été divisé par 3 en 10 ans3. Certaines études montrent même que la vape fait “barrage” au tabac4 en le “ringardisant”.

Une interdiction aux effets incertains

Bien que l’interdiction vise à protéger les jeunes, elle ne garantit pas la disparition des puffs, notamment en raison du marché noir mais aussi des solutions de contournement que sont les cartouches scellées. Ce sont des modèles fermés et propriétaires, promus par l’industrie du tabac et dont l’impact environnemental est à peine moindre que celui des puffs.

L’arbre qui cache la forêt

Cette interdiction fait passer une alternative à risque réduit -95 %5 moins nocive que la cigarette de tabac – comme potentiellement plus dangereuse que le tabac lui-même. Celui-ci, première cause de décès évitable en France, reste autorisé, y compris sous ses formes les plus accessibles aux jeunes :  tabac à rouler, chichas… Et elle écarte du débat le scandale de l’âge moyen d’entrée dans le tabagisme – entre 13 et 16 ans – dont l’origine vient majoritairement de cigarettes achetées auprès de buralistes, agents de l’État. 

Une victoire pour l’industrie du tabac

Une exception en faveur des cartouches scellées

La loi protège explicitement les cartouches scellées, produit du vapotage favori des cigarettiers. Ces dispositifs présentent pourtant des caractéristiques similaires aux puffs, accessibilité, produit d’appel, finalité du gain sur un produit à rendement simple, principe jetable polluant, en contradiction avec les objectifs affichés initialement de réduire l’incitation à la vape des plus jeunes et l’impact environnemental.

Une ingérence inquiétante

Si les professionnels indépendants saluent l’interdiction par les pouvoirs publics de ces produits polluants que sont les puffs, ils regrettent que les débats qu’elle a suscités n’aient pas mis en regard les risques relatifs de la vape par rapport au tabagisme. Ils regrettent également le manque de distinction, malgré leurs nombreux rappels, entre les dispositifs “fermés” jetables  et les systèmes “ouverts” rechargeables. Ils appellent à la sacralisation des dispositifs de vapotage rechargeables, les plus respectueux de l’environnement6 et garants de la démarche de sevrage tabagique la plus efficace par la vape. Enfin, ils dénoncent l’influence de l’industrie du tabac dans le processus législatif, qui a conduit à préserver les intérêts de ses multinationales.

Conclusion

L’interdiction des puffs constitue une avancée environnementale indéniable mais soulève des interrogations sur son efficacité en matière de santé publique.

La préservation des cartouches scellées met en lumière l’influence persistante de l’industrie du tabac et appelle à un dialogue renforcé entre les pouvoirs publics et les acteurs de la vape indépendante.

La vape française :

Alors que les puffs et les cartouches jetables viennent principalement de Chine, 65 à 70 % des e-liquides consommés par les Français sont fabriqués, contrôlés et déclarés en France grâce à la filière indépendante du vapotage. La filière française de la vape, indépendante de l’industrie du tabac, représente un CA d’1,2 milliards d’euros, plusieurs milliers d’entreprises, et 20 000 emplois directs et indirects.

Mineurs :

La vente de produits du vapotage est interdite aux mineurs depuis 2016. D’après une enquête de l’UFC QUE CHOISIR, cette mesure est totalement respectée dans les boutiques de vape spécialisées, contrairement aux pratiques relevées en bureaux de tabac et dans les épiceries7.

  1. Vape en Europe : les réglementations à venir et les menaces pour la filière française – https://fivape.org/vape-en-europe-les-reglementations-a-venir-et-les-menaces-pour-la-filiere-francaise/ ↩︎
  2. 15 % des ados ont déjà utilisé la puff. L’urgence de voter l’interdiction de la cigarette électronique jetable – Communiqué et sondage réalisé par l’Institut BVA – https://alliancecontreletabac.org/2023/11/14/perception-et-usages-de-la-puff-chez-les-13-16-ans/ – À noter : le détail des 15 % est précisé dans le sondage =  10 % une ou deux fois pour essayer, 2 % ont essayé mais ne consomment plus, 3 % consomment de temps en temps. ↩︎
  3.  OFDT – Drogues et addictions, chiffres clés – Édition 2025 – https://www.ofdt.fr/sites/ofdt/files/2025-01/dacc_2024.pdf ↩︎
  4. Experimenting first with e-cigarettes versus first with cigarettes and transition to daily cigarette use among adolescents: the crucial effect of age at first experiment – https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/add.15330 ↩︎
  5. Research and analysis: E-cigarettes: an evidence update – https://www.gov.uk/government/publications/e-cigarettes-an-evidence-update ↩︎
  6.  Le modèle de l’industrie du tabac est 8 x fois plus polluant que la “vape ouverte” – Évaluation basée sur l’impact carbone de 365 cartouches scellées jetées par an contre 20 pods rechargeables + 70 flacons de 10 ml et leurs bouchons en plastique. ↩︎
  7. UFC QUE CHOISIR – Interdites aux mineurs, vraiment ? – https://www.quechoisir.org/actualite-cigarettes-electroniques-puffs-camera-cachee-interdites-aux-mineurs-vraiment-n107898/ ↩︎