À l’appui d’un constat d’huissier, la FIVAPE décide de rendre au public une information sur le vapotage, publiée, puis retirée du site Internet du Service public d’information en santé (SPIS) – www.santé.fr : Vapoter est-il dangereux ?
Le 30 octobre 2024, le Service public d’information en santé (SPIS), sous autorité du ministère de la santé, a publié un article sur son site Internet www.santé.fr dans la rubrique Dépendances / Addictions, intitulé : Vapoter est-il dangereux1 ?
À la veille du Mois Sans Tabac, cet article a immédiatement été salué par les nombreux observateurs de la question du vapotage en France. Claire, synthétique et étayée, cette information destinée au grand public s’appuyait sur des références scientifiques fiables et reconnues, apportant tous les éclaircissements sur les idées reçues et balayant les confusions semées depuis de nombreuses années par les lobbies du tabac.
Tous les spécialistes se sont accordés sur le caractère totalement disruptif et bienvenu, mais aussi inattendu de cette publication. Plusieurs ont annoncé sur les réseaux sociaux avoir fait une sauvegarde de l’article “au cas où…” En effet, les récents épisodes de bâillonnement et de calomnies qui ont conduit, entre autres, à la dissolution de l’association SOVAPE2, ont démontré la capacité de nuisance des acteurs du tabac contre le vapotage et ses défenseurs.
C’est ce climat délétère qui a incité la FIVAPE à faire établir, dans un réflexe de prudence, un constat d’huissier pour consigner l’article Vapoter est-il dangereux ? du site Internet du Service public d’information sur la santé www.santé.fr, et ce dès le 30 octobre 2024, jour de sa publication.
Dans la journée du 31 octobre 2024, sans explication ni page de remplacement, l’article a été retiré du site www.santé.fr.
La FIVAPE déplore le retrait d’une publication qui se voulait objective, impartiale et solidement appuyée sur la science. Dans l’intérêt général, la FIVAPE a donc décidé de rendre cette information au public sous la forme d’une copie intégrale du contenu constaté par huissier, livré in extenso ci-dessous.
Néanmoins, la Fivape précise que, de son point de vue, touchant à la réglementation et au contrôle, la perspective de l’article SPIS reste discutable. Car les réglementations existent et les contrôles sont particulièrement stricts : composition des e-liquides déposées à l’ANSES, contenants limités à 10 ml pour les liquides nicotinés, taux de nicotine limité à 20 mg / ml, contrôles DGCCRF réguliers, obligations liées à l’étiquetage, interdiction de vente aux mineurs, interdiction de publicité et propagande, interdiction de vente en libre service, etc.
DÉPENDANCES / ADDICTIONS – VAPOTER EST-IL DANGEREUX ?
Information proposée par :
SERVICE PUBLIC D’INFORMATION SUR LA SANTÉ (SPIS)
PUBLIÉ LE 30/10/2024, RETIRÉ LE 31/10/2024
Vapoter est-il dangereux ?
Destinées à aider à l’arrêt du tabac, les cigarettes électroniques (ou vapoteuses) sont utilisées par près de 7 % des adultes en France, soit quelques 3 millions de personnes. Un chiffre en constante augmentation depuis une vingtaine d’années. L’usage de ces vapoteuses ne semble pas présenter de danger important, du moment que l’on ne fume pas en même temps. Une bonne hygiène de la bouche et des dents semble également indispensable.
La vape pour ce qu’elle est (ou devrait être) : un outil pour arrêter de fumer
Inventée en Chine et disponible sur le marché français depuis 2005, la cigarette électronique (ou vapoteuse) est un générateur d’aérosols. Chauffé par une batterie, le liquide contenu dans la vapoteuse se transforme en vapeur qui est inspirée par l’usager.
Les liquides utilisés pour vapoter contiennent le plus souvent de la nicotine – la substance addictive mais non toxique présente dans le tabac, du propylène glycol – un alcool utilisé dans les industries cosmétiques et alimentaires, de la glycérine végétale, ainsi que des arômes et, parfois, des colorants.
Dépourvue des substances toxiques présentent dans le tabac et libérées lors de sa combustion (goudrons, monoxyde de carbone, cyanure d’hydrogène, arsenic,etc.), la vape a pour vocation de se substituer à la cigarette et d’accompagner les fumeurs et les fumeuses dans leur arrêt du tabac.
La vape est-elle un bon outil de sevrage tabagique ?
En 2022, le Haut Conseil de la Santé Publique estimait que les preuves étaient insuffisantes pour que les cigarettes électroniques soient proposées par les professionnels de santé comme aides au sevrage tabagique dans la prise en charge des fumeurs.
Mais, en janvier 2024, une analyse croisée des études cliniques, effectuée par l’Institut Cochrane, a conclu que les cigarettes électroniques semblent plus efficaces que les autres moyens de substitution nicotinique (patchs, gommes à mâcher, etc.), mais aussi qu’un soutien comportemental seul. Une étude suisse parue un mois après va dans le même sens. Ainsi, aujourd’hui, on peut dire avec certitude que la vape est un outil utile dans le sevrage tabagique.
Mais peut-on utiliser ces vapoteuses sans redouter d’effets indésirables ? Aujourd’hui les données sont plutôt rassurantes, à condition, bien sûr, de complètement arrêter de fumer du tabac lorsqu’on vapote (ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas).
Risque de dépendance et mythe de l’effet passerelle
Les liquides pour cigarettes électroniques contiennent de la nicotine, à des doses variables pour que, petit à petit, l’ancien fumeur perde sa dépendance à cette substance. Mais ce sevrage à la nicotine peut être très lent et il n’est pas rare qu’une personne vapote pendant plusieurs mois, voire plusieurs années.
Attention, chez les personnes qui ne fument pas, vapoter peut induire une dépendance à la nicotine. Pour cette raison, il est recommandé de ne pas utiliser de cigarettes électroniques lorsqu’on ne fume pas. Mais certains adolescents qui n’ont jamais fumé se tournent vers la vape pour les effets stimulants de la nicotine ou pour réduire l’appétit dans une optique de contrôle de leur poids.
Chez les jeunes, contrairement à ce qui a pu être craint un moment, la cigarette électronique ne semble pas entraîner d’effet passerelle vers le tabac. Selon une étude de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) de 2020 : « Dans l’ensemble, l’expérimentation de la cigarette électronique en premier (par opposition au tabac en premier) (est) associée à une réduction du risque de tabagisme quotidien à l’âge de 17-18,5 ans. » En 2023, une étude anglaise a conclu, de son côté, que les produits à base de nicotine de substitution semblent concurrencer les cigarettes plutôt que de promouvoir le tabagisme, et que les réglementations autorisant leur vente sont associées à une réduction plutôt qu’à une augmentation du tabagisme.
Des effets délétères du vapotage sur la santé ?
Vingt ans après la mise sur le marché des cigarettes électroniques, les données concernant leur toxicité à moyen et long terme apparaissent comme rassurantes. Les études ne semblent pas signaler d’augmentation du risque de cancers, de maladies cardiovasculaires ou respiratoires. Au contraire, les vapoteurs ex-fumeurs(qui ont vraiment arrêté le tabac) voient leur risque cardiovasculaire diminuer et se rapprocher de celui des non-fumeurs/non-vapoteurs.
Un rapport publié au Royaume-Uni par le Collège royal de médecine en 2024 a conclu que « le vapotage de nicotine n’est pas associé à une fréquence élevée d’effets néfastes sur la santé. » Il signale néanmoins que, en théorie, certains arômes utilisés peuvent avoir une certaine toxicité sur le système respiratoire, même si rien n’a été identifié chez les utilisateurs.
Les pneumonies attribuées au vapotage en 2019-2020 aux États-Unis se sont avérées due à l’acétate de vitamine E utilisé comme additif diluant dans certaines recharges, souvent vendues sous le manteau et contenant notamment du THC(tétrahydrocannabinol), le principe actif du cannabis.
L’usage au long cours de la cigarette électronique est associé à un risque légèrement augmenté de caries et de problèmes de gencives (comme chez les fumeurs). En effet, la nicotine tend à diminuer l’irrigation sanguine des gencives.Selon les études, il semble que ce phénomène concerne essentiellement des personnes qui consomment, par ailleurs, des drogues illicites.
Parfois, au début de l’utilisation d’une cigarette électronique des effets indésirables peuvent apparaître de manière temporaire : irritations de la gorge ou de la bouche, maux de tête, toux et sensations de malaise. Des études rapportent aussi des cas d’allergies de type dermatite atopique (« eczéma ») et parfois une exacerbation de l’asthme chez les adolescents.
Enfin, quelques cas d’accidents ont été décrits soit par ingestion du liquide de vape par des enfants, soit par brûlure due à une batterie trop chaude ou une explosion de la batterie.
Bien choisir et bien utiliser sa cigarette électronique
Les cigarettes électroniques ne sont pas vendues en pharmacies et ne sont considérées ni comme des médicaments ni comme des dispositifs médicaux. Leur vente n’est donc pas réglementée et les produits ne bénéficient pas d’un contrôle strict. Afin d’éviter tout accident, il est recommandé de choisir des produits certifiés par l’AFNOR et de se fournir auprès de magasins spécialisés. En outre, il convient de respecter scrupuleusement le mode d’emploi, de ne pas modifier le dispositif de vapotage et de ne pas placer la batterie dans un endroit où elle pourrait surchauffer ou entrer en contact avec des objets métalliques ou des pièces de monnaie.
En conclusion, si vapoter expose au risque de maintenir sa dépendance à la nicotine, ses dangers sont infiniment moindres que ceux du tabac. Ainsi, il apparaît que la cigarette électronique est un outil de sevrage tabagique efficace.Mais les non-fumeurs devraient s’abstenir d’utiliser ces dispositifs pour ne pas développer une addiction à la nicotine.
Auteur : Service Public d’Information en Santé (SPIS)
Le Service Public d’information en santé met à la disposition du grand public les informations les plus pertinentes, solides et utiles pour vos recherches en santé.
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Bibliographie
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- Existe-t-il des normes relatives aux cigarettes électroniques ? Ces dispositifs sont-ils encadrés par une réglementation ? AFNOR, décembre 2022
- Vapoter est-il dangereux ? – https://www.sante.fr/decryptage/nos-reponses/vapoter-est-il-dangereux – L’article a été retiré, la page est vide. ↩︎
- SOVAPE jette l’éponge – https://www.sovape.fr/dissolution-sovape-jette-leponge/ ↩︎