Le nouveau Plan National de Lutte contre le Tabac vient d’être présenté par le Ministre de la Santé, Aurélien Rousseau. Dans un pays où la prévalence tabagique est l’une des plus fortes d’Europe et où le tabac constitue la 1ère cause de décès évitable (75 000 morts par an), la mise à jour de ce plan était très attendue par le monde de l’addictologie et tout particulièrement par les professionnels du vapotage. La Fédération Interprofessionnelle de la Vape, indépendante de l’industrie du tabac et représentante des boutiques spécialisées en produits du vapotage et des fabricants d’e-liquide, regrette une erreur historique et fait part de sa profonde inquiétude pour l’avenir des luttes contre le tabac.
Aveuglement et manque de hauteur : quand il s’agit d’aborder le vapotage et plus globalement la réduction des risques dans la lutte contre le tabac, le Ministère et son nouveau PNLT font fausse route. Les grands perdants : les fumeurs. Un grand gagnant : l’industrie du tabac.
Tout d’abord, la Fivape regrette que ce document ne traite du vapotage que pour le présenter comme une menace. Ce mépris est regrettable alors même que les produits de la vape sont ceux qui sont choisis en priorité par les fumeurs français dans leurs tentatives de sevrage(1) et que ce sont les plus efficaces des substituts nicotiniques(2). La vape brille par son absence, alors qu’elle aurait dû être intégrée avec volontarisme dans les stratégies nationales de lutte contre le tabac. Le nouveau PNLT se devait d’enfin réconcilier les usages des Français avec les orientations stratégiques sanitaires nationales. Il n’en sera rien.
La Fivape exprime sa très vive inquiétude face à l’annonce de l’extension du paquet neutre aux produits de la vape. Et, pour tout dire, les professionnels français du vapotage ont du mal à y croire tant cette mesure contredit le contenu des réunions préparatoires au PNLT auxquelles la Fivape a participé. Il est pourtant prouvé depuis 10 ans que le vapotage est mobilisé, que sa diversité contribue à dénormaliser le tabac.
Nous demandons urgemment une clarification, car cette mesure ferait prendre un risque à la démarche de sevrage active dans laquelle sont engagés 4 millions de nos concitoyens. Leur élan se verrait désavoué par un interdit qui, conceptuellement et visuellement, assimilerait le poison au remède, tout en l’invisibilisant. C’est une honte.
Enfin, la Fivape dénonce l’ingérence de l’industrie du tabac, de l’ACT, du CNCT et des buralistes dans la construction du PNLT.
Nous vivons désormais dans un monde où :
- L’accès des jeunes aux produits du vapotage choque plus que leur accès à la cigarette de tabac. Rappelons que l’âge moyen d’entrée dans le tabac se situe entre 13 et 16 ans et qu’il est prouvé que la majorité des achats se fait chez les buralistes, agents de l’État.
- Le Gouvernement, les parlementaires, les médias et l’opinion publique sont convaincus que la vape constitue une voie d’entrée dans le tabac. Ceci au mépris des preuves scientifiques qui débunkent ce soit-disant “effet passerelle”(3).
Faisant peser le risque de renvoyer les vapoteurs à la cigarette, là où 88% des 40 000 répondants à l’enquête vape.fr déclarent que c’est la diversité des arômes qui les a détournés du tabagisme
- Les propositions de certaines associations “anti-tabac” et des grands cigarettiers sont les mêmes : interdire les arômes “attractifs” et imposer le paquet neutre pour les premiers, afin d’éviter que des adolescents achètent un produit qu’aucun professionnel n’a le droit de lui vendre depuis 2016. Interdire “des arômes” pour les seconds, et faire de la vape un produit du tabac comme les autres afin de limiter son efficacité et maintenir le plus longtemps possible les fumeurs dans leur addiction au tabac.
- Les buralistes poussent le Gouvernement à inclure des mesures pro-industrie du tabac dans un document de santé publique en faisant de la lutte contre le trafic transfrontalier et le marché noir des cigarettes des questions sanitaires alors que sont des thématiques économiques, fiscales et douanières.
Finalement, alors que la première ministre vapote dans l’hémicycle, exposant au monde entier l’outil qui la tient à distance du tabac, l’exécutif annonce des mesures profondément anti-vape au nom de la lutte contre le tabac. Les professionnels du vapotage appellent à un sursaut de la classe politique dans son ensemble et du gouvernement en particulier, pour que cesse au plus vite cette attitude schizophrénique vis-à-vis de la vape.
Avec ce PNLT, le Gouvernement renonce à défendre cette innovation de rupture issue de la société civile et préserve les intérêts des industriels du tabac au mépris de la santé publique et de la vérité scientifique. La Fivape annonce qu’elle se mobilisera fortement lors de toutes les prochaines échéances électorales pour peser sur l’issue des scrutins, forte du soutien des millions de vapoteur.euses que cette filière rencontre tous les mois.
La Fédération Interprofessionnelle de la vape (FIVAPE) réunit l’ensemble des métiers de la filière du vapotage en France, des fabricants aux distributeurs. Les 800 adhérents de la fédération sont indépendants des industriels du tabac, et représentent 70% de l’activité française du secteur. Le travail de santé publique de la FIVAPE, caractérisé par la lutte de ses adhérents contre le tabagisme, en fait une organisation spécialiste de la réduction des risques, et l’un des acteurs principaux de santé publique en France sur ce sujet.
1 “Les principales aides utilisées étaient la cigarette électronique (26,9%) et les substituts nicotiniques (18,3%)”, Santé Publique France, Tentatives d’arrêt du tabac au dernier trimestre 2016 et lien avec Mois sans tabac : premiers résultats observés dans le Baromètre santé 2017
3 “Systematic Review and Critical Analysis of Longitudinal Studies Assessing Effect of E-Cigarettes on Cigarette Initiation among Adolescent Never-Smokers” https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37887674/
4 Synthèse de l’enquête disponible ici : https://fivape.org/wp-content/uploads/2023/11/SYNTHESE-enquete-Merci-la-vape-2311.pdf