Une récente étude américaine souligne la nécessité de mieux informer la population sur les véritables effets de la nicotine sur la santé. Une meilleure information lèverait les obstacles à la transition vers des alternatives sûres pour arrêter de fumer ou réduire sa consommation de tabac.
Nicotine et préjugés. Ce pourrait être le titre d’un recueil sur les idées reçues. C’est surtout le résultat d’une étude américaine publiée dans le Harm Reduction Journal – BMC1. Selon les auteurs, la méconnaissance des effets véritables de la nicotine empêcherait ainsi les fumeurs de passer à des moyens de sevrage efficaces avec nicotine.
Fumée contre nicotine
Croyance, interprétation erronée ou mauvaise information, le résultat est le même : pour la majorité de la population, la nicotine est cancérigène. Pourtant, c’est bien l’inhalation de la fumée et ses innombrables produits chimiques provenant de la combustion qui est responsable de la plupart des dommages liés au tabagisme. Et non pas la nicotine qui, elle, est à l’origine de la dépendance. Alors que dit cette étude américaine ?
Le grand détournement
À travers une modélisation et plusieurs scénarios, les auteurs ont évalué le rapport entre différentes perceptions de la nicotine et le comportement des fumeurs dans leur volonté de sevrage tabagique. Selon cette publication, la majorité des Américains pensent en effet que la nicotine provoque le cancer. Une idée reçue qui détournerait ainsi les fumeurs d’alternatives comme la cigarette électronique avec nicotine ou les substituts nicotiniques. Un détournement contreproductif puisqu’il ne permet évidemment pas une diminution de la mortalité prématurée liée au tabagisme. Et par extension, coûte de nombreuses vies.
Lutter contre les idées fausses
Les conclusions sont donc simples. Des perceptions erronées sur les dommages causés par la nicotine conduisent inexorablement à un nombre conséquent de décès. À l’inverse, une connaissance réelle pourrait aider les fumeurs à abandonner le tabac fumé et à troquer leurs cigarettes contre des substituts, évitant potentiellement de nombreux morts.
Nicotine et préjugés, la France aussi
Si cette étude concerne le territoire américain, elle raisonne bien évidemment en France. Rappelons que dans un sondage BVA réalisé par l’association SOVAPE2, plus de 8 Français sur 10 pensaient que la nicotine est cancérigène. Il est donc nécessaire d’assurer la diffusion d’une information fiable. Cela permettrait de rassurer les fumeurs quant au recours à des alternatives nicotiniques sûres et se révèlerait bénéfique en matière de santé publique. Inclure la nicotine dans une stratégie de réduction des risques, au lieu de la diaboliser, serait le moyen le plus efficace et le plus sûr de permettre une baisse durable de la prévalence tabagique.
À retenir :
La perception des risques entre vapotage, nicotine et cigarette dans la population est un enjeu de santé publique. La France compte encore 15 millions de fumeurs. Chaque année, 75000 décès prématurés liés au tabagisme pourraient être évités.
- Modeling the population health impact of accurate and inaccurate perceptions of harm from nicotine – https://harmreductionjournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12954-024-01059-x ↩︎
- https://www.sovape.fr/bva-2023-vapotage-nicotine-epidemie-doute/ ↩︎